Les chantiers de reméandrement sont parmi les plus impressionnants en matière de génie écologique. Ceux-ci interpellent le grand public qui ne saisit pas toujours l’intérêt de redonner aux cours d’eau leur fonctionnement naturel.
Jura Natura Services, forte de plus de dix années d’expériences dans le domaine a déjà mené le reméandrement de plus de 25 km de cours d’eau et a développé des techniques d’interventions bien spécifiques à ces milieux fragiles et souvent difficiles d’accès. Ce type de projet, encore marginal il y a une dizaine d’années, tend désormais à se démocratiser.
Reméandrement du Nanchez à Prénovel (39).
Au cours du siècle dernier, les cours d’eau ont subi de nombreuses modifications et altérations morphologiques (rectifications, curages, etc…). Ces actions, dont le but était principalement l’augmentation des surfaces arables et constructibles, ont eu des effets désastreux sur les cours d’eau.
Outre la perte d’habitat pour la faune et la flore, ces actions ont profondément modifié le fonctionnement de ces cours d’eau en créant notamment d’importants phénomènes d’incision.
En s’incisant, un cours d’eau ne peut plus dissiper son énergie à l’horizontale dans les zones humides, sa vitesse s’accélère, sa puissance également et les débordements sont plus violents (crues dévastatrices comme on en voit de plus en plus dans le sud de la France par exemple).
Dans un système non altéré, la végétation rivulaire et les zones humides jouent un rôle d’éponge dans lesquelles l’eau est retenue et stockée. En somme, le cours d’eau déborde facilement mais avec peu d’énergie. En débordant, il recharge ses zones humides et nappes phréatiques qui lui restitueront de l’eau en période d’étiage. Mais lorsqu’un cours d’eau a été rectifié, il ne déborde plus pour recharger ces zones. Les crues sont donc plus violentes et les étiages plus sévères.
Le but des chantiers de reméandrement est donc de redonner de la mobilité aux cours d’eau et de réinstaurer une dynamique naturelle. Ce travail passe par plusieurs étapes fondamentales.
Reméandrement d’un affluent de l’Oignin à Brion (01).
Repérage et piquetage des méandres originels
Le repérage des méandres d’origine est réalisé par le maître d’œuvre lors du montage du projet. Lors de la phase de travaux, un piquetage précis à l’aide d’un GPS est réalisé. Les niveaux sont systématiquement vérifiés au laser afin de respecter le profil en long du cours d’eau.
Creusement des futurs méandres
Le creusement des méandres s’effectue en général de l’amont vers l’aval.Un matériel bien spécifique à ce type d’intervention sur des milieux sensibles est utilisé afin de limiter au maximum l’impact des engins sur les sols (utilisation de pelleteuses marais ou de pelleteuses évoluant sur des plateaux afin de diminuer la pression au sol). L’un des aspects les plus importants de cette étape est de bien respecter le gabarit du futur lit du cours d’eau. Ce gabarit est volontairement sous-dimensionné, de manière à favoriser les débordements et la mise en place d’une dynamique naturelle.
Reméandrement du ruisseau du marais de Panessières (39).
Comblement du lit rectifié
A chaque intersection entre le lit rectifié et le nouveau lit, Jura Natura Services met en œuvre des fascines mortes d’épicéas. Le but de ces fascines est de constituer un point dur afin de retenir les matériaux utilisés pour le comblement du lit rectifié et limiter ainsi le phénomène d’érosion. Avant de combler, les pelleteuses procèdent à un nettoyage du lit en curant la vase et la végétation pour obtenir des fonds et bords propres et garantir au maximum l’étanchéité du comblement. Celui-ci s’effectue à l’aide de matériaux prélevés sur place quand cela est possible, ou d’apports si nécessaire. Ces matériaux sont apportés à l’aide de Dumper à roues ou à chenilles en fonction de la portance du sol, et régalés à la pelleteuse.
Mise en place de fascines pour combler le lit rectifié. Marais de Panessières (39).
La recharge a pour but, non seulement d’apporter un habitat et un substrat pour la faune et la flore, mais surtout de diversifier les fonds et les écoulements et de caler les niveaux d’eau. Les matériaux nobles sont, soit prélevés dans l’ancien lit rectifié lorsque ceux-ci sont encore présents, soit approvisionnés depuis une carrière à proximité. Ils sont distribués à l’aide de petits porteurs à chenilles afin de ne pas déstabiliser les berges du cours d’eau et mis en place à la mini-pelle ou à la main.
Recharge sédimentaire sur la Lemme (39).
Remise en eau
Pour ne pas impacter inutilement et trop longuement l’activité du cours d’eau en stoppant l’afflux d’eau vers les zones d’aval, la mise en eau se fait progressivement par tronçon au fur et à mesure de l’avancée du chantier, de l’amont vers l’aval.
Remise en eau du Nanchez après reméandrement (39).
